Éditorial

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Nous voudrions clôturer l’année avec une action de grâce pour tant de biens reçus, studieusement partagés avec vous au cours des mois. La santé, les consolations et désolatio ns spirituelles, propres d’une vie engagée auprès du Christ dans les labeurs au service et pour le salut de l’humanité.

Le staff de l’Institut, réduit avec le départ de notre Bon Père Anicet N’teba, SJ, a travaillé sans répit, avec l’optimisme et l’espérance du pauvre, du pauvre de Noël. Nos bienfaiteurs traditionnels ont été à nos côtés, comme des Rois Mages, venant d’Orient et d’Occident, apporter leur petite contribution pour la construction de notre édifice. Le monde et ses guerres (dont l’actuelle violente au lieu de naissance du Sauveur) et ses inflations ne les a pas ralentis dans leur générosité. Des cœurs qui ont partagé, comme Jésus, de leur pauvreté pour nous enrichir, non pas d’accumulation d’argent., mais justement de la culture au profit de laquelle si peu de ressources sont orientées vers l’Afrique.

Alors, grâce au soutien indéfectible des Supérieurs majeurs d’Afrique et Madagascar, Mariano et sa famille, Adèle dans son hôpital où elle sauve des vies de ceux et celles que la guerre a blessé et paralysé, et bien d’autres encore qui s’enquièrent, encouragent, prient. Et la providence a été au rendez-vous. Nous avons publié plus que dans le passé. Nous avons reçu de nouvelles collections de livres dont une très belle de Hans M. Zell et Terry Barringer, les avons catalogués, et rangés. Nous avons poursuivi le travail d’archivage électronique. Nous avons mobilisé d’autres institutions pour une plus grande conscience institutionnelle des archives, et chaque fois, les largesses du Seigneur ne nous ont pas fait défaut.

Notre Noël institutionnel, c’est aussi cela, vivre de la providence divine lorsqu’on a si peu de ressources humaines et financières, et sentir une profonde joie et consolation pour le travail bien fait. C’est comprendre que, dans les petits détails de l’histoire de l’humanité comme la naissance d’un enfant dans une mangeoire, avec des parents plus ou moins inconnus, « Le Seigneur Vient ! », et il vient faire sa demeure parmi nous. Ce n’est pas d’en faire trop qui augmente l’espérance et l’amour, mais de porter un message et croire en lui, de manière à ce que les plus sceptiques s’étonnent à l’écoute de ce message, comme quelque chose de nouveau et de frais, qui fait rêver, qui crée l’élan.

Oui ! Dans cette Afrique, nous pouvons parler de l’archive, et avons le devoir d’en parler, avec émotion et passion, et travailler assidûment pour en créer davantage, les préserver, et les rendre disponibles pour la recherche. Des bibliothèques, le monde entier en a plus que nous, et nous ne serons jamais en mesure de défier certaines universités occidentales quant à la quantité et la qualité des livres dans nos rayons. Toutefois et heureusement, la jeunesse et le futur de l’humanité compte. L’Afrique compte, et elle comptera toujours au moins comme un champ de recherches. En son sein s’élaborent le présent et le futur de l’humanité, dans ses espoirs et dans ses angoisses. Et comme telle, l’Afrique ne peut être ignorée !

Si tel est le cas, que peut-elle apporter au monde académique d’unique ? Elle peut produire les archives de ses richesses et de ses misères pour ses institutions. L’Afrique peut se documenter elle-même pour ses fils et ses filles, mais aussi des nombreux curieux et savant venus d’ailleurs parfois comme des Rois Mages, parfois comme des Hérodes, et leur offrir quelque chose d’unique à elle que leurs imprimeries et bibliothèques ne peuvent tout simplement imprimer et conserver.

L’Afrique doit devenir une crèche archivistique, le centre mondial du patrimoine archivistique sur elle-même. Là au moins, tout dépend d’elle ; tout dépend de nous. Et elle a besoin de si peu pour le réaliser : Une idée, une vision, commencer quelque part comme dans une mangeoire, autour des pauvres parents Joseph et Marie, au creux d’une crèche qu’elle peut fabriquer elle-même en usant de ses bambous, palmier, sissongo, de son argile. Nous le pouvons !

Joyeux Nöel, Meilleurs Vœux de 2024 !

 

Jean Luc Enyegue, SJ
Directeur JHIA