La fin de l’année académique est venue avec ses célébrations. Nous avons fait mémoire, une année durant, des quarante ans de Hekima. Nous ne pouvions espérer meilleure expérience de Pâques que celle-là. Nous avons écouté des aînés fondateurs sur leurs rêves et leurs espérances (Fratern Masawe, Rodrigo Mejía, Michel Istas), leurs héritiers devenus anthropologues et prêchant la centralité de l’humain dans le faire théologique (Ludovic Lado), les avocats de l’apostolat social et écologique qui ont parlé de l’homme devenu suspect pour lui-même et pour son environnement, mais qui se révèle aussi dans ces frontières de l’humanité et nous dévoile le vrai visage de Dieu qui renouvelle une terre menacée par ses propres dérapages (William O’neill et Dominic Urudayaraj).

Puis, ce fut le grand éclat, la Pâques par excellence, une première en fait, qui a vu se réunir dans nos murs, des femmes théologiennes d’Afrique. Elles réclamaient que leur voix soit, elle-aussi, entendue ; et elles l’ont fait de bien belle manière et sans aucun complexe, des plus grandes sommités comme Josée Ngalula et Mary Getui aux générations montantes de Carine Tarla ou Angèle Makiang, pour ne citer que quelques unes.

Ce fut donc une année de fête, de jubilé, mené par un Marcel Uwineza éclairé, très optimiste et entreprenant, fondamentalement ecclésial et dont la générosité a tenu à récompenser ceux qui se sont distingués dans la vigne du Seigneur à Hekima, des professeurs aux élèves et employés de maison. On accueille aussi le nouveau recteur, Emmanuel Foro, alors que nous disons au revoir à celui que nous appelons simplement Deo, dont l’humilité et le leadership pendant la crise Covid-19 ne quitteront pas de sitôt nos mémoires.

Ailleurs en Afrique, la Compagnie bouge. Un nouveau socius dans l’ACE, P. Jacques Buensi, des nouveaux diacres à Abidjan, et une rencontre de l’association des universités jésuites en Afrique et Madagascar.  Autant de motifs d’action de grâce, de prières de louanges et d’intercession, de raisons pour un engagement dans cette mission avec un zèle renouvelé.

Tout en priant le Seigneur de nous maintenir dans cet élan d’amour, de générosité et de service, notre Pâques vient aussi, il est vrai, avec son lot de douleur. Des Compagnons malades, d’autres surtout qui nous quittent de manière si brusque, Bradley Schaeffer, notre mentor et vénéré formateur, dont le cœur s’est arrêté le Jeudi Saint. Et cette semaine même, Valery Fala, terrassé dans sa jeunesse et la veille de son anniversaire par un cancer, portant en lui tant de rêves pour notre Compagnie dans son souci de Notre Maison Commune.

Il n’y a évidemment pas de Pâques sans Passion. Et nous ne pouvons pas pleurer comme ceux qui n’ont pas de foi. Que la terre de nos ancêtres leur soit légère, et que Notre Seigneur, qui donne à chacun selon sa mesure, sache apporter réconfort et consolation à ceux qui pleurent. Que la perte de ces bons Compagnons nous renouvelle surtout dans notre amour pour la Compagnie et le zèle d’y servir le Seigneur et l’humanité dans l’Eglise.

Joyeuse Pâques !

 

Jean Luc Enyegue, SJ
Directeur